Biographie

Michel Audiard, né le à Paris 14e et mort le à Dourdan (Essonne), est un dialoguiste, scénariste et réalisateur français de cinéma, également écrivain et chroniqueur de presse.

S'inspirant de la gouaille du peuple parisien, les dialogues de Michel Audiard constituent l'un des meilleurs témoignages de l'irrévérence détachée propre aux années 1960. Parfois qualifié d'anarchiste de droite, un des seuls regrets qu'on lui connaisse est de ne pas avoir eu le temps d'adapter à l'écran le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.

Il est le père du scénariste et réalisateur Jacques Audiard.

Jeunesse

Paul Michel Audiard naît au 2 de la rue Brézin, le , dans le 14e arrondissement de Paris, quartier populaire alors, où il est élevé par son parrain. Il y poursuit sans grand intérêt des études qui le mènent jusqu'au certificat d’études et à un CAP de soudeur à l’autogène.

Passionné de littérature et de cinéma, il se forge une solide culture, lisant Rimbaud, Proust et Céline, et découvre les dialogues de Jeanson et Prévert. Passionné également de bicyclette, il traîne du côté du vélodrome d'Hiver où il rencontre André Pousse qu'il introduira au métier d’acteur. Songeant un temps à faire carrière dans le vélo, il y renonce car il « ne montait pas les côtes ».

La guerre

Il a à peine vingt ans quand l'armée du Troisième Reich déferle sur la France. La Seconde Guerre mondiale, à laquelle il ne participe pas, est pour lui une période de privation et la Libération le spectacle de tristes règlements de comptes.

Sous l'Occupation, il écrit dans plusieurs hebdomadaires collaborationnistes et antisémites. Grâce à l'appui de Robert J. Courtine, il publie dans L'Appel de Pierre Costantini des nouvelles et des articles de critique littéraire en 1943 et 1944. Dans l'une de ses premières nouvelles, Le Rescapé du Santa Maria (1943), deux personnages sont juifs et le texte est marqué par des stéréotypes et un vocabulaire antisémites. Dans un article de 1944, il qualifie Joseph Kessel de « petit youpin ». Il publie aussi dans L’Union française un article élogieux sur le livre Autopsie des spectacles de Jean-Pierre Liausu, antisémite notoire. Dans cet article, il écrit : « Le monde qu'il est convenu d'appeler "artistique" et qui demeure dans sa majorité le plus coquet ramassis de faisans, juifs (pardonnez le pléonasme), métèques, margoulins… »,,,. Dans un autre article de L'Appel, il se moque de la « poésie liquéfiante de dame Cocteau ».

Cependant, à partir de , il aurait été agent occasionnel du réseau de Résistance Navarre, tel qu'en témoigne une attestation du liquidateur du réseau, le capitaine Grolleau,.

Une fiche d'adhésion au groupe Collaboration qui rassemblait les élites intellectuelles collaborationnistes porte son nom. Convoqué au commissariat du quartier du Parc-de-Montsouris, le , il affirme que cette inscription s'est faite à son insu, justification qu'il répète en 1978.

L'après-guerre

Le , il épouse Marie-Christine Guibert (décédée le 17 janvier 2022 à 94 ans) en l'église Saint-Dominique de Paris (14e arrondissement). Avec « Cri-Cri », il aura deux garçons : François (1949-1975) et Jacques (né le ). Bien que toujours marié, il a en 1953 un troisième garçon, non reconnu, Bruno Meynis de Paulin, qui écrit en 2004 Être le fils de Michel Audiard (éd. Michel Lafon).

Au lendemain de la guerre, il vivote comme livreur de journaux, ce qui lui permet d’approcher le milieu du journalisme. Il entre à l’Étoile du soir où il commence une série d'articles sur l'Asie rédigés sur des comptoirs de bistrots parisiens. La découverte de l'imposture lui valant d'être rapidement remercié, il devient alors critique de cinéma pour Cinévie.

En 1949, le réalisateur André Hunebelle le fait entrer dans le monde du cinéma en lui commandant le scénario d’un film policier, Mission à Tanger, bientôt suivi de deux autres films, de trois romans policiers, et de premiers succès d’adaptation de romans au cinéma (Garou-Garou, le passe-muraille, Les Trois Mousquetaires). Sa notoriété s’étend. En 1955, grâce à Gilles Grangier, il rencontre Jean Gabin, à qui il propose le scénario de Gas-oil. Ainsi commence une collaboration de sept ans et 17 films dont plusieurs grands succès (Les Grandes Familles, Les Vieux de la vieille, Le Baron de l'écluse, Un Singe en hiver, Le cave se rebiffe), et qui ne s’est que peu interrompue : Babette s'en va-t-en guerre, Un taxi pour Tobrouk.

La célébrité

Michel Audiard devient un scénariste populaire, ce qui lui attire les foudres des jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague pour lesquels il symbolise le « cinéma de papa ». En 1963, après s’être un peu fâché avec Jean Gabin, il écrit pour Jean-Paul Belmondo (Cent mille dollars au soleil d'Henri Verneuil) et toute une équipe d’acteurs talentueux dont Lino Ventura, Francis Blanche, Bernard Blier, Jean Lefebvre (Les Tontons flingueurs et Les Barbouzes de Georges Lautner). Mais la fâcherie avec Jean Gabin ne dure pas et ils se retrouvent en 1967 pour Le Pacha. Ils collaborent encore occasionnellement : Sous le signe du taureau de Gilles Grangier ou Le drapeau noir flotte sur la marmite.

En 1968, il entame une carrière de réalisateur et tourne des films dont les titres sont parmi les plus longs du cinéma français : Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause !. Son premier film comme réalisateur, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu..., est un succès commercial, mais l'accueil du public va déclinant et lui-même est peu convaincu par cette expérience. Après huit films de fiction et un documentaire, il revient à sa véritable vocation de dialoguiste et de scénariste.

Le , alors qu’il travaille avec le réalisateur Philippe de Broca au scénario de L'Incorrigible, il est durement touché par la mort d'un de ses fils, François, tué dans un accident de voiture. Il en conserve une profonde tristesse qui donnera à son œuvre une tonalité plus sombre (Garde à vue et Mortelle Randonnée de Claude Miller), même s’il continue par ailleurs à participer à de gros succès populaires (Tendre Poulet, Le Guignolo, Le Professionnel). En 1978, il publie un roman en partie autobiographique, La nuit, le jour et toutes les autres nuits, pour lequel il reçoit le prix des Quatre jurys. Il y écrit au sujet de la mort de son fils dans un accident de la route, « ... depuis qu'une auto jaune a percuté une pile de pont sur l'autoroute du Sud et qu'un petit garçon est mort ». Il obtient la reconnaissance de ses pairs en remportant le César du meilleur scénario en 1982 pour Garde à vue.

Gérard Lebovici lui propose ainsi qu'à Patrick Modiano d'écrire une adaptation du livre, L'instinct de mort de Jacques Mesrine, que Philippe Labro réaliserait. Le projet est abandonné à la suite de l'assassinat du producteur.

Il a vécu dans un duplex rue de l'Assomption (16e arrondissement) puis à l'hôtel de La Trémoille, 14 rue de La Trémoille (8e arrondissement), dans la chambre 102, payée par la production, et où il écrivait ses scénarios.

Il meurt le dans sa maison de Dourdan des suites d'un cancer du poumon, à l'âge de 65 ans.

Il repose au cimetière de Montrouge, dans le 14e arrondissement de Paris.

Postérité

Les dialogues des films scénarisés par Michel Audiard font l'objet d'un véritable culte populaire, comme en témoigne le nombre de sites web consacrés au sujet.

Alexandre Astier (créateur de la série Kaamelott) est un inconditionnel de Michel Audiard et affirme s'en inspirer pour les dialogues de sa propre série. Il en est de même de Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h pour la série télévisée Caméra Café.

  • Michel Sardou lui consacre une chanson en 1992, Le cinéma d'Audiard, coécrite avec Didier Barbelivien, mise en musique par Jean-Pierre Bourtayre.
  • Son petit-fils, Marcel Audiard (fils de François) publie en 2017 un roman dont le titre, Le Cri du corps mourant, est un clin d'œil à l'un de ses films.
  • Une place dans le 14e arrondissement de Paris porte son nom.
  • Plusieurs communes françaises (Trégueux, Perpignan, Couëron, Ploeren, Dompierre-sur-Mer, Le Castelet, Limas) ont une voie « Michel Audiard ».
  • Un gymnase de Dourdan porte son nom.

Romans

Autres publications

  • Chaque fois qu'un innocent a l'idée de monter un chef-d'œuvre, le chœur des cafards entre en transe…, Chroniques cinématographiques, 1946-1949, éd. établie, présentée et annotée par Franck Lhomeau, Joseph K., 2020.
  • Michel Audiard et Georges Simenon, Le Sang à la tête, Maigret tend un piège, Le Président, scénarios édités, présentés et annotés par Benoît Denis, Institut Lumière/Actes Sud, 2020.
  • Ça ne me regarde pas, Reportages, nouvelles et contes inédits, 1946-1947, éd. établie, présentée et annotée par Franck Lhomeau, Joseph K., 2021.
  • Michel Audiard et Albert Simonin, Le Cave se rebiffe, Mélodie en sous-sol, Les Tontons flingueurs, scénarios édités, présentés et annotés par Franck Lhomeau, Institut Lumière/Actes Sud, 2021.
  • Michel Audiard réalisateur, scénarios écrits avec Jean-Marie Poiré, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques, Comment réussir quand on est con et pleurnichard, scénarios édités, présentés et annotés par Thibaut Bruttin, Institut Lumière/Actes Sud, 2022.
  • Michel Audiard-Jean Herman/Vautrin, Flic ou Voyou, L'Entourloupe, Garde à vue, scénarios édités, présentés et annotés par Thibaut Bruttin, Actes Sud/Institut Lumière, 2023

Mise en roman signée G. C. Almidan

  • Les Barbouzes, Presses de la Cité, Un mystère no 733, 1965 (mise en roman du film Les Barbouzes (1964) de Georges Lautner)

Filmographie

Scénariste et dialoguiste

Années 1940
  • 1949 : Mission à Tanger d'André Hunebelle (scénario et dialogues)
Années 1950
Années 1960
Années 1970
Années 1980

En tant qu'acteur

Réalisation, dialogues et scénario

Note : Films dont Michel Audiard a signé la réalisation, le scénario et les dialogues.

Michel Audiard et le box-office

Films qui dépassent les deux millions d'entrées,:

  • Chevalier de la Légion d'honneur : le , remise des insignes par Jean Gabin.

Récompenses

Nominations

  • 1978 : César du meilleur scénario original ou adaptation pour Mort d'un pourri
  • 1986 : César du meilleur scénario original ou adaptation pour On ne meurt que deux fois (partagé avec Jacques Deray)

Bibliographie

  • Alain Paucard, La France de Michel Audiard, L’Âge d’Homme, 2000, prix Simone Genevois, rééd. Éditions Xenia, 2007 et 2013 (ISBN 978-2-88892-163-9)
  • Philippe Durant, Michel Audiard, La vie d'un expert (Dreamland éditeur, Paris 2001) ; réédition revue, corrigée et augmentée de nombreuses interviews inédites parue sous le titre Michel Audiard ou comment réussir quand on est un canard sauvage (Le Cherche Midi, Paris 2005)
  • Michel Audiard, Audiard par Audiard (édition La mémoire du cinéma français/René Chateau, 400 p., Paris 2000)
  • Philippe Durant, Le Petit Audiard illustré par l'exemple (Nouveau Monde, Paris 2011)
  • Stéphane Germain, L'Encyclopédie Audiard (Hugo&Cie, Paris 2012)
  • Philippe Lombard, Le Paris de Michel Audiard : Toute une époque, Paris, éd. Parigramme, , 128 p., 28 cm (ISBN 978-2-84096-991-4, BNF 45203000).
  • Marion Froger, « Histoire et panache dans le cinéma de Michel Audiard au tournant des années 1960 (1958-1964) », Études françaises, vol. 47, no 1,‎ , p. 75-91 (lire en ligne)
  • Franck Lhommeau, « La Vérité sur l'affaire Audiard », Temps Noir, no 20,‎ , p. 200 à 311
  • « Michel Audiard, le mauvais esprit : dossier », Revue des deux mondes, juillet-août 2022, p. 19-105
  • Fabrice Defferrard, Les lois de Michel Audiard - Liberté, Fraternité, Égalité, collection Droit & Cinéma, Éditions Mare & Martin, 2021

Article connexe

  • Liste de scénaristes de cinéma par ordre alphabétique
  • Michel Audiard sur Wikiquote

Liens externes

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Source : Article Michel Audiard de Wikipédia

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